NOS COUPLES NOUS GUERISSENT : 1. CYCLES DU DEVELOPPEMENT

NOS COUPLES NOUS GUERISSENT : 1. CYCLES DU DEVELOPPEMENT

Conférence de Monique Fradot : nos couples nous guérissent. Tableau 1 : la construction de l'enfant, construction qui se recyclera dans chacun de nos couples

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Prenons un premier tableau pour saisir la construction de l'enfant, construction qui se recyclera dans chacun de nos couples – l'expression couvre aussi bien un couple dans sa durée qui se 'réépouse' symboliquement après chaque crise, qu'une succession de couples – avec bonheur, si nous nous en servons pour des prises de conscience, des changements, des réajustements, des intimités, des guérisons, et 'malheur', si nous évitons d'en saisir le sens, ce 'malheur' étant de renforcer les dysfonctionnements entre nous.

De la conception à dix huit mois nous devrions savourer les délices de la fusion, ceux de la symbiose et enfin ceux de la dépendance. Ces trois temps vécus sainement nous permettent de recevoir, de se nourrir et de sentir en nous le goût de l'amour inconditionnel pour notre être incarné et de pouvoir commencer de s'aventurer à la découverte de notre environnement avec curiosité et sécurité.
Nous venons de l'Amour mais au moment de notre conception venons-nous de l'amour et continuons-nous de le sentir dans le ventre et encore après? Nos yeux, nos ouïes, notre peau, notre odorat et notre goût auront-ils été aiguisés par des regards, des sons, des touchers, des odeurs et des saveurs suffisamment habités d'amour, de présence, de bienveillance, d'authentique lien...? La peur de l'incarnation peut alors commencer de se dissoudre et non de se renforcer jusqu'à la terreur du contact avec l'humain. Ce sont ces liens pleins d'amour et de protection qui tisseront en nous les bases de sécurité si importantes pour les étapes suivantes. Les touchers respectueux et en même temps très présents, affectueux et pas envahissants ...constitueront un langage qui continuera de se développer à l'âge adulte et surtout dans la communication non verbale sexuée du couple. La curiosité concernant tous nos sens en contact avec l'environnement sera aussi le socle de notre sensualité future.
Il est essentiel de sentir et de vivre que nos besoins sont satisfaits et nos bases de sécurités fiables et stables. C'est un âge où la fonction maternelle est essentielle.
1+1 égale 1 ou un tout petit peu plus, mais souvent beaucoup moins! Il est vraiment difficile de sentir combien il est doux d'exister.

Plus la fusion, la symbiose et la dépendance auront été saines, plus notre capacité à traverser l'indépendance, l'interdépendance et la constance émotionnelle de dix huit mois à trois ans sera forte. Encore faudra-t-il que notre entourage nous guide adéquatement dans cette étape décisive du : penser et sentir efficacement pour résoudre nos problèmes. Car c'est bien si petit que se met en place ce processus puissant, original et personnel de pensées adéquates jumelées à notre ressenti émotionnel et corporel pour faire face aux situations et trouver nos façons d'être au monde qui structureront suffisamment notre soi sans le rigidifier ni le laisser sans frontières.
Penser et Sentir et non ruminer. Penser et sentir et non passer à l'acte, penser et sentir et non attendre et compter sur la pensée de l'autre pour rester dans la symbiose ainsi que sur nos manipulations affectives et émotionnelles pour renforcer cette même symbiose.
Avoir pu être proche et s'éloigner, revenir et s'éloigner à nouveau et toujours retrouver la stabilité de l'adulte référent, permet de nous centrer sur nous, tout en apprenant à tenir compte de cet autre dans la gestion des conflits intérieurs et extérieurs à nous-mêmes.
Nous intégrons alors petit à petit que la colère est un régulateur face aux frustrations, contingences et difficultés engendrées par nos relations avec l'environnement et non un moyen de chantage, de vengeance ou une rage impuissante dans son désir non traité de toute puissance.
Nous sentir ‘bien’, capables de conjuguer efficacement : le ressenti émotionnel ainsi que corporel avec une pensée adéquate ainsi que personnel, est structurant, constructif et libérateur. Tandis que nous sentir ‘ mal ‘ ou ‘puni’, conséquences d’un accompagnement adulte non protecteur, deviendra une base perverse dans l’avenir : comme le prix à payer pour donner libre cours à nos envies, désirs…
La reconnaissance positive ou négative, c'est-à-dire la critique, concernant nos comportements, nos manières de nous servir ou non de nos capacités à penser, notre gestion émotionnelle, nous aidera à grandir sans nous sentir jugés du fait de l'intériorisation de plus en plus grande de l'amour inconditionnel pour l'être que nous sommes.
A ce stade, les limites sont posées et tenues dans l'amour, fermement, clairement et de manière protectrice. Il est essentiel de pouvoir être soutenus dans notre recherche d'autonomie sans devenir tyrans ni excessivement rebelles. Nos besoins doivent être satisfaits mais nous ne dépendons plus de qui les satisfaits mais plutôt de comment je fais savoir mes besoins aux autres et de comment ils y répondent dans une présence excluant symbiose et rejet. C'est une étape où la fonction paternelle structurante est essentielle.
1+1 égale deux. Et gare à 1+1 égale 1 ou à 1+1 égale l'infini!

Vous pouvez déjà mesurer l'importance de ces étapes pour l'union du couple et sa bonne évolution dans le temps et les crises. Abordons enfin la dernière étape majeure de cette construction: l'Oedipe.
Cette étape bien traversée conduit à se sentir déesse et dieu dans son être sexué féminin ou masculin. Elle nous ouvre à l'appartenance et non à la possession ou au sentiment d'objet et nous permet d'accéder au deuil de l'être désiré.
Le chagrin après la peur et la colère prend tout son sens : celui d'accepter la perte et de se réattacher plus profondément. Encore faut-il que le couple parental présente, ensemble et séparément, les atouts qui favorisent ce stade de trois à six ans :


- Leur amour est grandissant, tendre et sexuel et l'expression de cet amour est visible entre eux.


- L'enfant s'est senti aimé de son père et de sa mère dans son unicité et accompagné dans sa structuration.


- Ce même enfant découvre la différence des sexes et sa curiosité pour les jeux sexuels est bienvenue dans une atmosphère ludique saine, permissive et protectrice, avec d'autres enfants - du même âge seulement - et à l'abri de regards autres qu'eux-mêmes.


- Ses déclarations d'amour envers le parent du sexe opposé sont accueillies par ses deux parents comme un palier sacré dans sa croissance.


- Ses stratégies de séduction, reconnues comme saines et adéquates auprès des autres enfants, sont déviées par le parent du sexe opposé. Elles ne font pas parties de la saine relation parent/enfant.
Le lien père/fille ou mère/fils est le lien qui fait que l'enfant se sent déesse ou dieu – au sens sexué du terme - dans le regard de son père ou de sa mère sans aucune intention sexuelle entretenue ou agie. Ceci après avoir ressenti tout l'amour tendresse - ou encore appelé amour nourricier - des parents pour l'enfant et avant que ne s'éveille l'intérêt de ce même enfant pour
la sexualité.


- Si les stratégies de séduction de l'enfant pour le parent, étaient ignorées, moquées, critiquées ou encouragées, une mauvaise image de l'identité féminine ou masculine s'installerait. Dans ce cas, cela endommagerait gravement la suite du développement psychosexuel de la fille ou du garçon.
Les réactions parentales, associées de jalousie ou de moquerie, entérineraient un manque de confiance dans son soi sexué, atrophié ou hypertrophié dans les comportements. Réaction tout autant inadéquate et dommageable dans le cas d'une complicité consciente ou inconsciente, que dans le cas d'une jalousie, signe d'un manque de liens forts, bons et satisfaisants dans le couple
parental sur le plan de l'amour et de la sexualité.
Des attitudes parentales, souvent inconscientes, sont à l'origine de beaucoup de manques, de distorsions, de troubles dans la construction du soi sexué, donc de l'identité féminine ou masculine intervenant dans les difficultés du couple formé plus tard : Un père peut devenir froid, distant, voire cruel vis à vis de sa fille pour se prémunir de son désir pour elle ou tout au contraire contrôlant, possessif, jaloux pour qu'elle reste 'sa' fille au sens pervers du terme. Une mère peut couver son fils pour qu'il reste son 'petit' non 'dangereux' sexuellement. Elle peut aussi être envahissante, contrôlante et jalouse et aucune copine ne conviendra à son goût comme si le fils devait 'plaire' à la mère -ou la fille à son père dans le cas précédent-!


- Le parent du même sexe soutient cette étape, si belle et si nécessaire, sans jalousie aucune et avec la confiance tranquille que son ou sa partenaire restera aimant et proche mais pas du tout sexuel bien que sexué. A savoir quelque chose de l'ordre de ce qui va être dit plus bas, même si l'important n'est pas que ce soit dit ainsi mais vécu complètement, ressenti clairement, conscientisé et tout à fait intégré. Ce qui est rarement le cas dans notre généalogie, d'où tant d'atmosphère oedipienne, incestueuse ou incestuelle, malsaine, pleine de confusions...

« C'est vraiment superbe que tu saches la différence entre les filles et les garçons. C'est aussi super que tu sois curieux ou curieuse. Tu sais que la plus part du temps les garçons aiment les filles et les filles les garçons .Tu es mon petit garçon ou ma petite fille, je t'aime depuis que je t'ai faite avec maman ou papa. Tu seras toujours mon fils ou ma fille et je t'aimerai toujours en tant que ma fille ou mon garçon. Jamais je ne changerai ce lien pour un autre, amoureux et sexuel, même quand tu seras grand ou grande, même si je suis seul(e), même quand je suis triste ou fâché momentanément avec ton papa ou ta maman... Tu viens de découvrir la différence et l'attirance des sexes qui font que les papas et mamans font l'amour donc tu sais que c'est possible entre
nous. Tu ressens à juste titre que c'est interdit entre les parents et les enfants mais tu sais aussi que les choses interdites n'empêchent pas les personnes de les faire quand même. Alors c'est possible mais je ne le veux pas et je ne le ferai jamais.
Je m'engage à ne jamais transformer le lien sacré qui nous unit et qui perturberait ta belle âme et fausserait son axe. Nous t'avons fait pour la vie avec les autres, pas pour nous. Je comprends que tu aies envie d'ajouter entre nous ce que tu découvres de si beau dans ce que tu ressens et tu vois entre ta mère et moi ou ton père et moi mais je ne veux pas cela pour toi, cela gâcherait complètement mon amour pour toi et tu ne pourrais plus grandir libre vers les autres. Je ne laisserai jamais mon désir se mêler à mon amour pour toi ».


- Ceci est la même chose si le couple est séparé: l'union qui est à l'origine de l'enfant reste sacrée dans l'esprit, même séparée dans les corps, ce qui permet à l'enfant de continuer de se structurer dans l'amour. Si les parents vivent dans une autre union, cette dernière forme le nouveau couple parental d'où l'on vient en tant qu'enfant dans le présent de l'amour charnel de papa avec une autre femme – ou homme- ou de maman avec un autre homme - ou femme -. Au lieu d'être déchiré, tiraillé, l'enfant est renforcé dans le sacré de l'amour, sa pérennité et son expansion. Pas son extinction. Nous participons ainsi à l'union, amour, vie de Déesse/Dieu dans l'univers et en nous.
1 plus 1 égale 3.

Voir les autres tableaux

- Le lien

- Circuit des émotions

-Les étapes du deuil