NOS COUPLES NOUS GUERISSENT : 2. LE LIEN

NOS COUPLES NOUS GUERISSENT : 2. LE LIEN

Conférence de Monique Fradot : nos couples nous guérissent. Tableau 2 : Le lien dans une vision transpersonnelle

Nous avons fini de cheminer dans les stades qui forment la base de la structuration de l'enfant et qui se recyclent dans la seconde partie de notre enfance, toute l'adolescence, à l'âge adulte, principalement et le plus fortement ou de manière spectaculaire ou caricaturale dans nos couples: fusion, symbiose, dépendance, indépendance, autonomie ou interdépendance, appartenance et nous nous souhaitons bon courage et bon chemin dans nos couples vers cette merveilleuse étape ultime :

la synergie où enfin 1 plus 1 égale l'infini.

Prenons maintenant le deuxième tableau celui du Lien.

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Dans une vision spirituelle et quantique, le Lien est ce qui nous réunit tous ensemble, le point de rencontre de notre horizontalité humaine et de notre verticalité divine. Comme si l'incarnation, jamais réalisée totalement, était ce point de passage, de contact constant, entre le divin et l'humain, l'humain et le divin: Lien infini, total et contenu dans le lien dont je vais vous parler maintenant. Dans une vision transpersonnelle, chaque humain est un esprit, une âme, une énergie unique – parcelle du Tout et qui Le contient : Esprit, Amour, Vie..., nommer est toujours réducteur, - incarnés dans de la pensée, du ressenti émotionnel, des sensations corporelles, des comportements...bref de la chair, de la physique, de la chimie qui peut s'exprimer et communiquer de manière visible avec tout ce qui l'entoure.
L'attachement est un processus vital qui se met en place entre nous et nos buts, nos lieux de vie, nos occupations, les êtres vivants et les choses qui nous entourent. Il est d'une extrême importance dans notre santé physique, mentale et émotionnelle à condition que nous nous servions de son expression infinie et très nourrissante: le lien
Le lien est l'expression infinie, riche, personnelle, claire, puissante, originale, vaste, précise, subtile, constructive, authentique, intime, variée..., absolument unique à chacun et qui nous caractérise, mais aussi rustre, rude, violente, perverse, tyrannique, envahissante, floue, insuffisante, malsaine, destructrice,..., absolument unique aussi à chacun de nous et qui nous caractérise tout autant. La diversité, la qualité et le nombre suffisant des liens qui nous nourrissent, nous font bénir la vie et savourer combien nous sommes des êtres d'attachements, de plus en plus incarnés.
Les rapports dans les couples témoignent d'une imagination débordante à ce propos ou d'un autisme effrayant, à nous de modifier tout cela.


Vous avez déjà la première moitié du cercle: attachement – lien, prenons la deuxième moitié tout aussi importante dans nos vies: séparation – deuil.
Tout a une fin sur cette terre. Une seconde ou l'éternité est la même chose dans l'univers mais pas pour nous humains dont deux mesures ou repères établis et appris sont centraux: le temps et l'espace. Donc nos buts, nos lieux, nos occupations, les choses et surtout les êtres qui nous entourent sont d'une extrême importance pour notre structuration et notre joie de vivre. Les échanges - mêmes toxiques - entre les humains, les animaux, la nature sont essentiels à leur vie ou à leur survie. Nous devrions avoir appris depuis l'âge de trois ans à être responsables de la satisfaction de nos besoins mais que nous ne sommes pas dépendants de qui les satisfaits avec nous ou pour nous. Encore un point extrêmement important dans la bonne marche du couple.
Mais revenons à ce qui nous préoccupe, la séparation. Elle met un terme, quelque soit sa forme - volontaire ou non, par la mort ou l'éloignement définitif - à nos attachements. L'expression de cet attachement ne pourra plus s'échanger, se nourrir, être nourri. Le lien devra faire place au deuil qui est une forme de digestion rapide de notre attachement, une sorte de lien en accéléré, en creux, afin de clore le mieux et le plus efficacement possible ce lien devenu impossible, inutile, sans objet, fantasmatique, sauf dans son esprit.
Pour conserver la substantifique moelle de la relation et nous présenter enrichi, transformé, grandi...auprès des nouveaux attachements que nous créerons avec d'autres jusqu'à notre mort, il est nécessaire de passer par le deuil. Ce dernier nous permet de dire avec plus ou moins de force, de puissance, d'originalité - selon la qualité et la profondeur du lien - : adieu et merci et ceci après la clôture positive des conflits, rancoeurs, raideurs, chagrins..., laissés en suspens avant la séparation.
Le deuil se fait alors avec l'image introjectée qu'il nous reste de ce dont nous faisons le deuil.
Encore une fois un être, un objet, un but ou un lieu.
Si nous n'effectuons pas ces deuils, nous restons 'accrochés' à l'intérieur de nous avec cet autre que nous avons introjecté et que nous projetterons à la moindre occasion sur d'autres. Nous ne sommes pas dépendants de la présence réelle, effective de l'autre pour effectuer notre deuil. Nous sommes responsables de ce que nous gardons des autres à l'intérieur de nous. Nous sommes libres d'êtres des bombes ambulantes, chargées d'explosifs du passé ou de faire la paix en nous restituant la beauté de l'esprit d'amour qui était contenu dans ce passé. Les deuils permettent une grande fluidité y compris dans la vie de tous les jours, afin de clore harmonieusement en nous toute situation ou lien.
Se tenir prêt à dire adieu et merci, y compris à la vie et à tout moment, nous rend légers, aimants et présents.
La perfection n'existe pas. Notre perfection humaine est d'être imparfait. Accepter, aimer l'imparfait est un sacré défi et un défi sacré. Les cycles infinis : attachement, lien, séparation, deuil, ré - attachement, lien, séparation, deuil...permettent de sentir la joie de vivre, la légèreté et la profondeur de la vie qui circule en nous et avec les autres.
Malheureusement nous n'avons pas beaucoup appris le deuil et à la place nous nous servons du détachement. Ici ce terme veut dire se couper de ce que l'on ressent, donc ne pas sentir la protestation, la peur, le chagrin, ni les gérer adéquatement. C'est très différent de nous laisser sentir et d'avoir à notre disposition une gamme presque infinie, efficace et personnelle de façons de faire le deuil de chaque événement, situation, relation...

Le détachement - au sens spirituel du terme - intègre, comme le troisième tableau, la phase évoluée de la circulation des émotions : réactions premières ou primaires expérimentées et dépassées, stade social expérimenté et dépassé et enfin stade mature ayant intégré la non permanence des êtres et des choses ainsi que l'acceptation de la frustration, l'ouverture du coeur à la vie et à la mort sous toutes ses formes, les plus inattendues, les plus douces ou les plus cruelles ainsi que le pardon dans notre
chair et la gratitude qui nous fait savourer la vie encore et encore.
La fluidité émotionnelle permet attachement – lien – séparation - deuil régulièrement et rapidement.
Ce n'est pas ne pas sentir, ce n'est pas mettre de côté. C'est sentir, accueillir et exprimer le plus justement possible ce qui est bon pour notre ensemble : corps – émotions - pensées sans minimisation ni maximisation.
Lorsque ce déroulement est bloqué, suspendu, ignoré, exagéré...nous entrons dans ce que notre monde et nous-mêmes connaissons bien: passage à l'acte, violence, dépression, maladie, folie, suicide, solitude, dépendances de toutes sortes – drogues- bref ce que nous nommons mal de vivre au lieu de joie de vivre.
Assez souvent des formes non incarnées de spiritualité sont du détachement au sens premier du terme, de l'évitement de l'incarnation, de la mise à distance de la vie sous toutes ses formes.

Voir les autres tableaux

 - Les cycles du développement

- Circuit des émotions

-Les étapes du deuil