Les ruses de la nature

Les ruses de la nature

Je parle, sur ce site, d'Analyse Transactionnelle et de son fondateur, Eric Berne. L'on peut regretter que certains praticiens de l'Analyse Transactionnelle apparaissent quelques fois "très normatifs". Pourtant, j'ai eu plaisir à lire le livre d'Eric Berne, Amour, Sexe et Relations, dont je vous livre ici un extrait concernant les jeux dans la nature, et qui donne le ton léger dans lequel parfois son auteur décrit les relations humaines.

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Les jeux psychologiques, dans la Nature
Pour créer la diversité dans le processus d'évolution, l'on observe, chez les animaux des jeux ayant un objectif utile : le métissage et la variation. Sans cela la consanguinité amènerait l'extinction de l'espèce.
"Les jeux psychologiques à caractère sexuel", Amour, Sexe et Relations, Eric Berne

Les ruses de la nature

"En fait, la plupart des relations (au moins 51%) sont fondées sur la ruse et les subterfuges tantôt spirituels et amusants, et tantôt vicieux et sinistres. Il n'y a que quelques rares heureux, comme les mères et les nourrissons, ou les vrais amis et amants qui sont tout à fait authentiques l'un envers l'autre. Au cas où vous penseriez que je déforme cyniquement la situation, laissez-moi vous donner quelques exemples de la manière dont la Nature elle-même, au cours de l'évolution, a mis au point quelques transactions piégeuses. Certaines paraissent si cyniques, du point de vue humain qu'il est difficile de décider s'il faut en rire comme d'une farce ou en pleurer comme d'une tragédie. Cependant, leur résultat final est d'assurer la survie de l'espèce.
(...)
Les grands singes ont dû lire quelques classiques eux aussi. Les orangs-outangs sortent tout droit du Kama Sutra et vivent leur sexualité pendus aux arbres; ils connaissent plus de positions acrobatiques que tout un régiment de philosophes Hindous. Les babouins sont plus romantiques : ils représentent une sorte de croisement entre les phoques et quelques personnages issus de l'inspiration de Flaubert et de Stendhal. Pacha détient le harem, laissant un grand nombre de jeunes mâles sans aucune nana. Ces célibataires traînent aux alentours du sérail, et quand un Pacha regarde ailleurs, un Petit Mec fait des avances à l'une des concubines. Elle est entièrement d'accord pour satisfaire Petit Mec, et si Pacha n'en sait rien, la nature suit son cours et les amants se séparent gaiement. Mais si Pacha survient et les prend sur le fait, la dame fait d'une pierre deux coups. Elle s'écarte et se jette au sol, poussant des cris indignés et pointant du doigt son Roméo : comme si elle criait : "Ce grand singe m'a violée". Alors Pacha dit : "quoi ? Il a osé ? ", et il se met à pourchasser le soupirant, qui l'entraîne dans une bonne course-poursuite autour du vallon. Ceci laisse le harem grand ouvert, y compris pour la fille qui a démarré le jeu du Viol, à tel point que les autres célibataires qui étaient là, à regarder et à attendre leur moment, se rapprochent et font affaire avec n'importe quelle femelle disponible et consentante.

L'effet biologique de ces scènes de harem chez les phoques et les babouins est de disperser les gènes. Cela contribue à créer de la diversité dans le processus de l'évolution et, par là même, cela sert un objectif utile.Si chaque mâle tenait toutes ses poulettes à l'oeil comme un coq et que personne d'autre ne pouvait s'infiltrer, il y aurait une ligne directe de consanguinité, et les deux espèces pourraient bien suivre le même chemin que les dinosaures. Mais grace aux tours de ces joyeux célibataires, la distribution des gâteries permet le métissage et la variation. En réalité, la race humaine a probablement pu exister simplement du fait que nos ancêtres, les singes, ont joué à Viol et Profitons-en pendant que le vieux a le dos tourné, c'est pourquoi il vaudrait peut-être mieux de ne pas mépriser ces farces car s'il n'y en avait pas eu, nous serions peut-être pas ici, non plus."