"Ne faites pas de suppositions" Le troisième accord toltèque porte sur une forte tendance que chacun de nous, à savoir : faire des suppositions. Les suppositions sont du même ordre que la médisance.
On pourrait même dire que dans la plupart des cas la médisance prend racine dans nos suppositions. Nous en faisons sans arrêt, sans y faire attention tant l’habitude d’en faire est ancrée en nous, et pourtant elles sont à l’origine de beaucoup de peine :
« Cette femme a dix ans de moins que lui, elle n’est intéressée que par son argent »
«Il a oublié mon anniversaire, il n’en a rien à faire de moi »
« Cette fille est trop bien pour moi, je n’ai aucune chance ! »
Le problème c’est qu’à force faire des suppositions nous finissons par les croire.
>>>Pour lire les autres accords Toltèques
Faire des suppositions est une manière de se rendre malheureux. Ci-après, l'on peut faire le lien avec le livre de Paul Watzlawick :
Faites vous-même votre malheur
Vivre en conflit avec le monde et, en particulier, avec les autres hommes, voilà qui est à la portée du premier venu, mais sécréter le malheur tout seul, dans l’intimité de son for intérieur, c’est une autre paire de manches. On peut toujours reprocher son manque d’amour à un partenaire, attribuer les pires intentions à un patron ou mettre sa propre mauvaise humeur sur le compte du temps qu’il fait - mais comment s’y prendre pour faire de soi-même son pire ennemi ? P Watzlawick
Dans ce livre, les conseils pour être vraiment malheureux se présentent sous forme de nouvelles. J’en ai choisi une qui pourrait être l’anti-thèse du 3ème accord toltèque : ne fais pas de supposition (Ne commencez pas à élaborer des hypothèses de probabilités négatives, pour finir par y croire, comme s'il s'agissait de certitudes. Ayez le courage de poser des questions et d'exprimer vos vrais désirs. Communiquez clairement avec les autres pour éviter tristesse, malentendus et drames.)
Une histoire de marteau
Celui-ci veut accrocher un tableau. Il possède un clou mais pas de marteau. Le voisin en a un, que notre homme décide d’emprunter. Mais voilà qu’un doute le saisit. Et si le voisin s’avisait de me le refuser ?
Thomas Lerooy. – « Destroy Everything You Touch » (Détruis tout ce que tu touches), 2014 Thomas Lerooy - Rodolphe Janssen, Bruxelles |
Hier, c’est tout juste s’il a répondu d’un vague signe de tête quand je l’ai salué. Peut-être était-il pressé ? Mais peut-être a-t-il fait semblant d’être pressé parce qu’il ne m’aime pas ! Et pourquoi ne m’aimerait-il pas ? J’ai toujours été fort civil avec lui, il doit s’imaginer des choses. Si quelqu’un désirait emprunter un de mes outils à moi, je le prêterais volontiers. Pourquoi refuse-t-il de me prêter son marteau, hein ? Comment peut-on refuser un petit service de cette nature ? Ce sont les gens comme lui qui empoisonnent la vie de tout un chacun ! Il s’imagine sans doute que j’ai besoin de lui. Tout ça parce que Môssieu possède un marteau. Je m’en vais lui dire ma façon de penser, moi ! Et notre homme se précipite chaez le voisin, sonne à la porte et, sans laisser le temps de dire un mot au malheureux qui lui ouvre la porte, s’écrie, furibond : “Et gardez-le votre sale marteau, espèce de malotrus ! “
[...] Peu de mécanismes pourraient produire un effet aussi dévastateur que celui qui consiste à affronter brusquement un partenaire qui ne se doute de rien en lui assenant la conclusion d’une longue réflexion fondée sur des postulats imaginaires et dans laquelle il joue un rôle - négatif, certes, mais fondamental. Effarement, colère, prétendue incompréhension, refus désespéré de toute culpabilité - autant de preuves concluantes du fait qu’on avait vu juste. On avait accordé sa confiance et ses faveurs à quelqu’un qui n’en était pas digne. Une fois encore, on s’est fait avoir, on s’est montré trop bon - une poire.
Mais cette technique, comme toutes les autres, fait courir à celui qui l’utilise le risque de tomber sur plus fort que lui.
[...]