OSER LA LEGERETE

OSER LA LEGERETE

Le passé pour le passé n'est pas intéressant. En revanche, le passé qui est encore actif dans notre vie quotidienne en ce qu'il motive nos choix à notre insu est du plus haut intérêt. Mais, là encore, uniquement si l'examen permet de comprendre les conditionnements néfastes et de nous en libérer.

Je reprends des passages du livre de Guy Corneau N'y a-t-il pas d'amour heureux ? - la partie consacrée aux relations père-fille : pères et filles : l'amour en silence - pour répondre à certaines femmes au sujet du groupe Entr'Elles : Quels sont les thèmes et le déroulement ?

Le but de chaque participantes au groupe est différent. Ce qui fait sens d'être entre femmes est l'envie de se mettre en route pour retrouver la beauté du féminin en soi, sans avoir besoin du regard extérieur. Le groupe est une entraide pour se délester des choses inutiles du passé pour incarner la femme en nous. (ci-dessous d'autres passages du livre)

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Vider son sac

"Au seuil d'un travail sur la relation au père, une participante à un atelier donné en plein Sahara me demandait s'il était vraiment nécessaire de vider son sac. Je la priai de me dire si elle s'interrogerait ainsi devant un voyageur épuisé et assoiffé par de longues heures de marche dans le désert et qui traînerait dans son sac à dos quantité d'objets lourds et inutiles. Elle lui proposerait sans doute d'abandonner sur place quelques-unes de ces choses encombrantes, même si cela avait pour conséquence de faire perdre au voyageur le temps de la procédure. Immanquablement, il faudrait qu'il fasse l'inventaire des objets, prenne conscience de ceux qui ne servent à rien, accepte de les abandonner et finalement, dernière étape mais non des moindres, s'habitue à marcher avec une charge plus légère. Car la peur de la liberté et de la légèreté n'est-elle pas notre plus grand obstacle évolutif ? "

Ce passage exprime bien ce qu'est une démarche de développement personnel : aller vers la conscience des dynamiques du passé qui reviennent dans le présent, faire face aux peurs et aux freins d'être soi.

Ci-après, j'ai choisi d'autres passages pour illustrer des processus importants sur le chemin de la féminité :

Le drame de la bonne fille

 J'entends ici suggérer quelques attitudes qui permettent de guérir la blessure infligée par le père et sortir de l'attente du prince charmant qu'elle engendre. J'aborderai principalement le thème de l'agressivité et celui de l'estime de soi. Commençons par le drame de la bonne fille, celle qui est toujours gentille.

[...]

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Oser la colère

Je pense pour ma part qu'il n'y a pas de processus de guérison qui ne passe en bonne partie par la colère. Lorsqu'une femme se rend compte de l'imposture de sa vie, il faut dans un premier temps qu'elle se fâche contre ceux qui ont abusé d'elle, et deuxièmement qu'elle comprenne qu'elle continue à se faire à elle-même ce qu'elle accuse les autres de lui imposer en se manquant de respect. Elle peut être touchée jusqu'à en pleurer par son propre drame, mais il faut aussi qu'elle crie et qu'elle frappe ...

[...]Exprimer sa colère et sa rage contre autrui sans jugements et de préférence dans un environnement sécuritaire comme un groupe de thérapie est une étape essentielle.

[...]Pour la femme qui avait tendance à se réfugier dans l'attente et la passivité, cette colère peut se transformer en combativité, fermeté, détermination, et lui permettre de prendre en main sa propre destinée. Pour la femme habituée à combattre les hommes sur leur propre terrain, elle peut faire naître un pouvoir d'affirmation intime et personnel, grâce auquel elle n'aura plus à disperser ses forces contre les hommes.

[...] Le véritable travail sur la colère consiste à répondre aux besoins qu'elle révèle en nous. Lorsque la rage ne cesse de s'exprimer par des blâmes et des reproches de toutes sortes à l'endroit des bourreaux du passé c'est qu'elle n'a pas été intégrée psychologiquement. Elle n'a pas été transformée. Elle est devenue une prison.

[...] La journaliste Paul Lebrun nous donne un bon exemple d'intégration de l'ombre par le moyen de la colère. Participant à un atelier de groupe, elle commence par réagir très vivement  à la présence d'une femme perturbée qui détruit tout "avec ses sarcasmes, son venin et ses crachats". Elle éprouve de la compassion pour celle qui souffre  d'un désespoir aussi cru, mais le lendemain c'est elle-même qui se réveille avec un couteu entre les dents.

j'étais en contact avec ma propre poche de venin, vous savez, celle que oute femme ou presque porte en elle; la Serpente en nous, ksss, ksss, ksss, viens mon chéri que je te kiiiiissssse, celle qui n'a pas digéré la blessure psychique faite aux femmes depuis deux mille ans, l'incroyable colère collective qui s'est aplatie en rage puis en ressentiment, qui a disparu sous l'édifice et qui attend son heure.

[...] Lorsqu'une femme se reconnaît en elle-même un tel pouvoir, elle sait qu'elle ne se cantonnera plus jamais dans le rôle de victime.

Porter un autre regard sur une situation du présent est complexe lorsque notre "sac à dos" est plein de ressentiments, de blessures non résolus : il y a, dans ce que nous vivons le goût, parfois, de répétitions tant que nous n'avons pas confronter cette colère et répondu à nos besoins de décider. 

La guérison de l'amour-propre

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Le besoin qu'ont de nombreuses femmes d'être sans arrêt le centre d'attention de leur entourage trahit la blessure infligée par un père distant ou négligent. Ce femmes se situent toujours en face à face avec leur partenaire. Elles ne savent pas déguster le monde côte à côte avec ceux qu'elles aiment. Elles éprouvent un besoin constant d'êtres soutenues par le regard de l'homme. Leur équilibre psychologique finit par en dépendre. Elles récriminent par rapport aux hommes et réclament un partenaire sans prendre conscience que le poids de leur attente est précisément ce qui le fait fuir. Il ne perçoit pas une invitation à l'amour  dans l'attente de sa partenaire mais une blessure d'amour-propre qu'il devra sans cesse s'occuper à guérir pour avoir un peu de paix.

Sortir de la misogynie

[...]Pour arriver à transformer une estime de soi dépendante du regard masculin, il y a certaines attitudes à développer. Ainsi on arrive à guérir ce qui a été corrompu dans le rapport avec le monde paternel.

la première consiste à récupérer sa part d'ombre au lieu de tenir les hommes pour responsables de son malheur personnel. Une partie de cette ombre concerne la colère interdite, mais sa partie la plus ignorée et la plus difficile à affronter concerne la misogynie  des femmes elles-mêmes à l'égard du féminin.

(Remarque : paradoxes pour la femme d'être sensible et forte en même temps dans une société patriarcale où le féminin n'est pas valorisé)

 [...]Tant qu'une  femme dévalorise inconsciemment le féminin, elle reste fragile aux jugements  misogynes et elle vit la différence qu'elle représente comme un moins. Sa conception de l'égalité tendra vers la similitude des sexes. Si elle était fière de sa féminité, elle pourrait tolérer que les hommes soient fiers de leur masculinité et différents. Il est essentiel pour les femmes de retrouver en elles-mêmes la beauté du féminin dans sa façon particulière d'être au monde.. Au lieu d'attendre que les hommes le valorisent, elles doivent elles-mêmes incarner cette valeur.

Plusieurs femmes ont une estime d'elle-mêmes si faible qu'elles ne veulent pas être entre elles. Aussitôt qu'elles se retrouvent dans un groupe où il n'y a que des femmes, elles ont l'impression d'être dans un groupe de perdantes. La compétition , la jalousie, l'envie et la revanche  risquent alors de prendre le dessus. Elles éprouvent en somme les difficultés que tout groupe minoritaire expérimente. Ces difficultés sont liées à la haine inconsiente de soi et de son propre groupe.

[...]

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Donner une expression à l'animus

[...]

La projection de l'animus jette les bases de l'amour romantique, et tant mieux si l'on trouve une relation où l'on se sent en sécurité pour s'épanouir. Mais la relation ne sert vraiment la connaissnce de soi que si on fait l'effort de mettre en conscience sa propre masculinité. Tant que cette masculinité inconscience demeure portée par les hommes à l'extérieur de soi, on ne trouve pas sa propre valeur. En faisant l'effort d'intégrer son propre animus positif, c'est à dire en éveillant et en incarnant ce que l'on reconnaît chez l'autre qui nous plaît tant, on s'affranchit de l'importance démesurée de l'amour dans sa vie et on rehausse son estime de soi.

[...]

Faire l'effort de prendre conscience de la projection de l'animus aide à sortir d'une position de faire-valoir du monde masculin.

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 Imaginer la beauté du féminin

Pour corriger une estime de soi déficiente, le recours à l'imagination peut être d'un secours insoupçonné. Puisque des fantasmes négatifs nous rendent la vie misérable, il s'agit de prendre leur contre-pied. Il faut combattre le feu par le feu. Calme et détendue après un bon bain ou en écoutant une musique que l'on aime, à la lumière d'une chandelle ou même dans l'agitation du quotidien, il suffit de s'imaginer en accord avec soi-même, aimant son corps, ses sentiments et son esprit, incarnant dans le monde une force ui existe par elle-même et qui n'a pas besoin de l'approbation des autres pour s'épanouir.

[...]

Prendre confiance en sa capacité d'exprimer la femme sans céder aux injonctions d'une société misogyne, s'appuyer sur une force aimante et sûre d'elle-même représentent les objectifs à réaliser. Il s'agit d'ouvrir un chemin aux nouvelles valeurs. Honorer le féminin profond et le valoriser est la tâche léguée par l'histoire aux filles du silence.