ROMAIN GARY-SAINT EXUPERY : RELATIONS MERE-FILS

ROMAIN GARY-SAINT EXUPERY : RELATIONS MERE-FILS

Deux aviateurs et écrivains ne semblent pas avoir eu "la permission" de la séparation d'avec la mère et entretiennent une relation de type "je te haime" - expression de Guy Corneau -  avec elle et, avec les femmes.

« Un nombre incalculable de fantômes du passé peuplent nos chambres à coucher. Hommes et femmes doivent lutter pour ne pas sombrer dans l’archaïsme de relations mère/fils et père/fille qu’ils ont tendance à reproduire dans leur couple », écrit Guy Corneau.

Pour s’allier à l’être qu’on aime, et se relier à lui, il faut d’abord s’être délié de ses parents. Or certains amants ne se sont jamais déliés de leurs parents et ne peuvent pas s’allier ni se relier l’un à l’autre.

Si quelqu’un est resté accroché à l’un de ses parents, il transfère sur son partenaire les craintes, attentes et sentiments qu’il éprouvait jadis envers son père ou sa mère. Ne s’étant pas libéré d’un modèle de relation infantile, il continue à rechercher ce modèle dans la relation amoureuse : il vit ce que l’on appelle un amour névrotique.

Bien que chronologiquement adulte, il est resté un enfant sur le plan affectif. Bien entendu, cela crée de nombreuses tensions et des malentendus dans le foyer parce que derrière une parole ou un geste anodin se projette le souvenir du père ou de la mère auquel il reste lié par la peur ou la rancune, le mépris ou la haine, ou au contraire une affection excessive.

Cet article reprend cette difficulté, pour le couple, de trouver le juste lien si persistent les "complexes parentaux"

petit-prince-baobab.jpg

Antoine de Saint-Exupéry et Le Petit Prince

Marie Louis Von Franz a étudié le problème de l'éternel adolescent et dans cette étude, elle revient sur Le petit Prince d'Antoine de Saint Exupéry. Elle pense que l'auteur y traduit sa solitude intérieure et sa soif de sentiments. .... Dans son livre Père manquant, fils manqué, Guy corneau la cite : "Von Franz démontre également combien Saint Exupéry était prisonnier d'un complexe maternel, représenté par le baobab géant qui dévore la planète du Petit Prince, et combien, tout au long de son existence, il n'a pu s'ajuster à la vie sur terre. Il ne pouvait jamais passer plus d'une ou deux semaines à la maison avec sa femme, pressé de repartir dans les airs avec son avion. En 1944, la dernière affectation lui coûta la vie.

 complexe maternel.jpg

Romain Gary et La Promesse de l'Aube.

"Il n'est pas bon d'être tellement aimé, si jeune, si tôt. Ca vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivé. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte la-dessus. On regarde, on espère, on attend. Avec l'Amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. On est ensuite obligé de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son coeur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. Jamais plus. Jamais plus. Jamais plus. Des bras adorables se referment autour de votre cou et des lèvres très douces vous parlent d'Amour, mais vous êtes au courant. Vous êtes passés à la source très tôt et vous avez tout bu. Lorsque la soif vous reprend, vous avez beau vous jeter de tous les côtés, il n'y a plus de puits, il n'y a que des mirages. Vous avez fait, dès la première lueur de l'aube, une étude très serrée de l'Amour et vous avez sur vous de la documentation. Partout où vous allez, vous portez en vous le poison des comparaisons et vous passez votre temps à attendre ce que vous avez déjà reçu. Je ne dis pas qu'il faille empêcher les mères d'aimer leurs petits. Je dis simplement qu'il vaut mieux que les mères aient encore quelqu'un d'autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n'aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine. P.38

"Rien, dans son aspect un peu las, dans ses manières de parfait homme du monde, ne laissait deviner le petit garçon en culotte courtes qu'il cachait en lui, enfoui sous les sables du temps ; il en est souvent des apparences de maturité comme des autres façon de s'habiller, et l'âge, à cet égard, est le plus adroit des tailleurs. Mais je venais d'avoir 17 ans et je ne savais encore rien de moi-même ; j'étais donc loin de soupçonner qu'il arrive aux hommes de traverser la vie, d'occuper des postes importants et de mourir sans jamais parvenir à se débarasser de l'enfant tapi dans l'ombre, assoiffé d'attention, attendant jusqu'à la dernière ride une main douce qui caresserait sa tête et une voix qui murmurerait : "Oui, mon chéri, oui. Maman t'aime toujours comme personne d'autre n'a jamais su t'aimer " P.179

Pour aller plus loin :

Le film

Les livres de Guy Corneau